En Corse, les vignerons sont inquiets : Donald Trump menace d’augmenter les taxes douanières des produits européens. Même si les États-Unis ne représentent pour la Corse que le quatrième marché à l’export, les bouteilles de vin peuvent s’y vendre très cher. Les professionnels insulaires se penchent sur d’autres marchés, comme le Canada.
Vermentinu, Nielluciu, Sciaccarellu… Autant de cépages insulaires appréciés par les consommateurs américains avertis.
Pour que les prix de vente restent raisonnables, certains professionnels du vin en Corse ont anticipé la hausse des taxes douanières. Ils ont ainsi envoyé le maximum de bouteilles outre-Atlantique avant la fin d’année dernière, soit 5 000 bouteilles.
« On a essayé de mettre en bouteille et de conditionner les vins le plus rapidement possible au cours du mois de décembre 2024, explique Franck Malassinié, directeur commercial d’une coopérative en Haute-Corse. On a expédié les vins sur cette période. Je pense qu’ils les ont déjà reçus ou qu’ils vont les recevoir incessamment. On a donc passé ce moment où les taxes seront appliquées »
Comme dans cette coopérative de la région bastiaise, beaucoup de vignerons insulaires redoutent le coup de massue : les États-Unis représentent 10 % des exportations pour cette structure. Il s’agit donc d’un marché qui peut donner de très belles plus-values. Et Franck Malassinié de poursuivre :
« C’est tellement difficile de faire des grands vins mais quand tout arrive en même temps, que les vins sont bien notés et que le consommateur réagit bien, il y a des fois des choses qui se passent et qui font que des bouteilles de vin corse ont pu se vendre à des prix assez extraordinaires sur le marché américain. » Jusqu’à 400 dollars pour une bouteille. Raison pour laquelle l’annonce récente du président des États-Unis concernant l’augmentation des taxes douanières sur les produits en provenance de l’Union européenne fait frémir tous les exportateurs.
En Corse, les viticulteurs corses font eux aussi face à cette annonce de Donald Trump en cherchant de nouveaux marchés.
« Les gens sont conscients qu’il faut sortir de Corse, indique François Franceschi, président du comité interprofessionnel des vins de Corse (CIVC). Maintenant, si ce n’est pas les États-Unis, ça peut être le Canada, le Japon et d’autres pays européens qui sont plus près et francophones et où les vins corses et français ont une certaine renommée et reconnaissance. »
Ce repositionnement est bienvenu : au premier semestre 2024, les exportations des viticulteurs corses aux États-Unis avaient diminué de 16 %.