Formée en école hôtelière, Emily Seguy a su se spécialiser dans l’art de la sommellerie, multipliant les expériences de prestige en Corse et à Paris avant de se tourner vers l’événementiel et de s’installer dans le Gers. Portrait.
Elle est l’une des seules sommelières indépendantes du Gers. Installée à L’Isle-Jourdain depuis peu, Emily Seguy a officié dans de grands restaurants étoilés en Corse ou à Paris, avant de poser ses valises dans le Gers. La Dépêche du Midi est allée à sa rencontre pour en apprendre davantage sur son parcours et ce métier singulier.
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Contrairement à certains abus de langage, le sommelier n’est pas œnologue. L’œnologue guide le producteur, alors que le sommelier se tourne vers le consommateur. L’œnologie, qui suggère ainsi la science du vin, supervise le processus de vinification. Le sommelier, lui, connaît le vin sur le bout des doigts. Il travaille généralement en restauration, élabore la carte des vins, conseille les acheteurs.
Passion terroir
Originaire d’Auvergne, Emily Seguy a entamé une formation en service et réception dans une école hôtelière avant de se tourner vers la sommellerie. « J’ai commencé à travailler à Clermont et puis j’en ai eu marre et je voulais aller ailleurs pour faire une saison », explique-t-elle.
Cette envie de se lancer dans le monde du vin, Emily la tient de sa passion pour le terroir et la gastronomie. « C’est un domaine intéressant, vous avez beau faire de la sommellerie toute votre vie, vous aurez toujours des choses à apprendre. Le goût du vin est très complexe, ça évolue, les méthodes de vinification aussi et le changement climatique. J’aime la gastronomie, les accords mets/vins et cette notion de terroir. »

Au-delà de cet attrait, l’envie de faire découvrir ce monde au plus grand nombre lui tient particulièrement à cœur. Comment déguster, choisir, accorder les vins ? Autant de questions que se posent de nombreux consommateurs à table. Qui ne s’est jamais retrouvé en difficulté au moment de choisir un vin puis de le goûter à la table d’un restaurant ? « J’essaie de décomplexifier le monde du vin et de le rendre plus accessible. Il y a un jargon que certains ne peuvent pas forcément connaître. Je veux aussi faire connaître les petits vignerons, les cépages que les gens ne connaissent pas forcément, c’est ça ma vision du métier. »
Une carrière étoilée et des rencontres
À ses débuts, c’est sur la Corse que la jeune sommelière jette son dévolu en cherchant le meilleur restaurant pour l’accueillir. Elle sera embauchée sur la Promenade des Quais à Saint-Florent, dans le réputé « La Gaffe ».
« C’était le restaurant qui avait la plus belle carte des vins de Corse et parmi les 200 plus belles cartes du monde avec 1500 références », soutient-elle. Belle clientèle, cadre exceptionnel et apprentissage : l’Auvergnate ne pouvait pas rêver mieux pour s’élancer dans sa carrière. « J’ai passé beaucoup de temps avec les pêcheurs du coin, ce qui est important pour les accords. Il faut comprendre le terroir. » Évoluer dans des établissements prestigieux permet aussi de faire des rencontres inoubliables. Emily se souvient.
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Rares peuvent se targuer d’avoir servi des personnalités telles que Jean-Paul Belmondo, Fred Testot, Marion Cotillard ou encore Guillaume Canet. « Jean-Paul Belmondo avait passé quatre jours dans l’hôtel où je travaillais, c’était vraiment super. C’était une personne très attachante, simple et généreuse. »
Après cinq ans de vie insulaire, des postes au nord comme au sud de l’île de Beauté, Emily prend la route de Paris. Une nouvelle trajectoire dans sa carrière, fruit d’une rencontre avec un célèbre chef, vu dans l’émission “Top Chef” : Pierre Sang.
Du nord au sud, des expériences « inoubliables »
« J’ai rencontré Pierre Sang en Corse lors d’une foire aux vins, j’ai discuté avec lui et je lui ai dit que j’aimerais travailler à Paris. Il m’a embauchée », résume la sommelière. Et le hasard fera que dans ce nouveau lieu, deux semaines après avoir servi Fred Testot en Corse, elle le recroisera dans le restaurant parisien. Tout se passe pour le mieux dans l’établissement parisien du XIe arrondissement jusqu’à l’arrivée du Covid.
Confinée dans son appartement, Emily profite de son temps libre pour passer un BTS agricole, viticulture et œnologie « afin d’apprendre tout ce que l’on ne sait pas en sommellerie. » Elle effectue son stage au prestigieux domaine Château Cheval Blanc à Saint-Émilion, producteur de vins emblématiques du Bordelais — une expérience hors du commun. Cette dernière se lancera ensuite dans l’événementiel, toujours en lien avec la sommellerie, dans la capitale en proposant ses services pour plusieurs boîtes et grands groupes tels qu’Hermès, le barreau de Paris, le Stade de France…
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Mais la vie parisienne finira par avoir raison d’Emily, qui décide d’aller à la découverte du sud. Elle s’installe d’abord à Toulouse, avant de rejoindre un département voisin où elle dispose de quelques contacts. « J’adore le Gers donc je m’y suis installée. » Désormais, la jeune sommelière donne des cours de sommellerie dans la Ville Rose. Elle collabore également avec des établissements de restauration comme à Courchevel en Savoie.
Et dans le département, Emily Seguy a de quoi faire. « Dans le Gers, il y a de quoi manger, il y a des épicuriens et je continue de travailler et d’approfondir mes connaissances, notamment dans le secteur de l’Armagnac », raconte-t-elle. Après plusieurs années à voyager de domaine en domaine et de restaurant en restaurant, Emily compte bien rester en Gascogne, territoire réputé pour ses plats gourmands, ses vins et ses nombreux vignerons de talent.