« Ils croient sincèrement en la singularité de nos produits ». Les viticulteurs corses qui exportent aux Etats-Unis restent confiants malgré la hausse des taxes
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L’augmentation de 20 % des droits de douane sur tous les produits importés aux Etats-Unis entrera en vigueur le 9 avril, mais dès ce samedi 5 avril une première hausse de 10 % est appliquée. Un coup dur pour les viticulteurs corses qui exportent sur le marché américain, qui garde malgré tout confiance en leur clientèle d’outre-Atlantique.
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Cette surtaxe douanière, les viticulteurs du Nebbiu qui travaillent avec les Etas-Unis s’y sont préparés. Ils savent déjà comment ils vont devoir s’en acquitter.
« La taxe devra être payée en une seule fois, et tout de suite, pas au fur et à mesure des ventes. Et si la taxe n’est pas réglée, les marchandises seront saisies, et soit détruites, soit mises en vente aux enchères au prix que décidera l’administration américaine« , explique Yves Leccia, viticulteur à Poggio d’Oletta.
Yves Leccia exporte ses vins aux Etats-Unis depuis 35 ans. Chaque année, il vend au moins 15 000 bouteilles à une clientèle avertie. Et chacune de ces bouteilles doit comporter une étiquette spécifique. “Et ça, c’est très contrôlé là-bas, ils ne discutent pas avec ça”, commente le viticulteur.
C’est contreproductif, ils vont droit vers une inflation monstrueuse.
Yves Leccia
Viticulteur à Poggio d’Oletta
Lors du premier mandat de Donald Trump, les droits de douane sur les vins avaient déjà atteint les 25 %. Les viticulteurs corses avaient alors rogné sur leur marge, pour rester présents sur ce marché.
Cette fois, leurs importateurs américains, également impactés, leur déconseillent d’adopter la même tactique.« Je pense que leur stratégie c’est de faire peser cette taxe sur la consommation, de manière à montrer aux consommateurs des États-Unis que finalement c’est contreproductif et qu’ils vont droit vers une inflation monstrueuse, parce que ça ne concerne pas que le vin. C’est faire la démonstration par l’absurde que Trump va dans le mur« , estime Yves Leccia.
Ils croient sincèrement en la singularité de nos produits.
Simon Giacometti, viticulteur
à propos de ses clients Américains
Viticulteur dans le désert de l’Agriate, Simon Giacometti reste, lui aussi confiant, car il sait sa clientèle américaine très attachée à la typicité de son terroir. Cultivés ici, les cépages comme le Nielluciu ou le Sciacarellu restent uniques au monde. « Ils croient sincèrement en la singularité de nos produits. Et il faut bien penser qu’on ne fait aucun mal au marché américain. Les produits que l’on fait en Corse n’ont pas d’équivalent aux Etats-Unis, donc nous n’enlevons rien à la part de marché américain, c’est important de le souligner« , estime Simon Giacometti.
Toutefois en février dernier, alors que cette hausse des taxes américaines n’était encore qu’une menace, le président du conseil interprofessionnel des vins de Corse François Franceschi indiquait déjà que les viticulteurs cherchaient de nouveaux marchés : « Si ce n’est pas les États-Unis, ça peut être le Canada, le Japon et d’autres pays européens qui sont plus près et francophones et où les vins corses et français ont une certaine renommée et reconnaissance. »
20 % de la production totale des vins de Corse est vendue à l’export, et les États-Unis occupent la quatrième place de ce marché.