Du vin, de l’histoire et du patrimoine


Une première palette exportée vers Singapour, il y a quelques jours à peine. Des perspectives prometteuses vers le Canada, les États-Unis, le Japon, Taïwan, la Malaisie, la Corée du Sud.

Les bouteilles de vin étiquetées Château du Prince Pierre-Napoléon Bonaparte se vendent déjà en Corse et dans de nombreux pays européens.

En zoomant sur la cartographie du sud Balagne, la vallée de l’Argentella dévoile son isolement, le long d’un trait de côte sinueux, entre Calvi et Galeria. C’est donc ici qu’en 2017, deux frères visionnaires ont racheté 180 hectares de maquis et de roches sur lesquels trônent les vestiges d’un château construit par le neveu de l’Empereur.

« Nous sommes partis d’une feuille blanche puisque tout était à l’abandon, retracent les frères Jean-Raphaël et Jean-Vincent Racine-Grisoli. Il a fallu procéder à des analyses de sol. Il y a une géologie très complexe, avec sept types de granites différents sur nos 35 hectares de vignes, des poches d’argile, des terres rares. Il y a vraiment un terroir particulier et original. Nous avons planté 14 cépages dont 13 sont autochtones. C’est une façon de faire vivre une partie du patrimoine agronomique et viticole de Corse. Nous avons lancé plusieurs campagnes de plantation, à coups de 5 ou 6 hectares par an, depuis 2018. « 

Un rêve d’enfance

Très jeunes, les vignes n’ont encore qu’un faible rendement même si ce dernier augmente rapidement. D’une seule et unique cuvée en 2020, le château est passé à huit en 2024. Avec trois blancs, quatre rouges et un rosé, il est présent dans chaque couleur.

« Nous nous sommes entourés des compétences de l’ingénieur agronome Lionel Leduc-Orsatelli et de l’œnologue Emmanuel Gagnepain, qui vinifie également le domaine Abbatucci et le domaine Sant’Armeto. Nous avons réussi à dégager une stratégie de plantation, un processus à tenir. Le vin, c’était un rêve d’enfance avec mon frère. Nous avons eu la chance de trouver des terrains à quelques kilomètres de notre maison de famille. Nous avons déposé une marque avec le patronyme du créateur de cette bâtisse, en 1850. D’avoir un sol riche particulier et de pouvoir y adjoindre un nom qui était historiquement illustre, avec la domination  »château », c’était une combinaison de facteurs très intéressante. »

En présence d’un barrage construit dans les années 1850 pour les besoins de la mine d’argent, les vignerons ont négocié un droit d’eau et tiré un pipeline jusqu’au domaine. Une installation qui profite également aux autres agriculteurs et aux pompiers. Dans cette vallée côtière semi-aride, l’eau agricole va permettre aux frères racine-Grisoli de diversifier leur culture.

« Nous n’irons pas au-delà des 40 hectares de vignes, annoncent-ils. En revanche, nous allons faire un peu d’apiculture, planter du safran, des oliviers pour faire notre huile, et prendre environ 80 brebis. »

Une cave à bâtir

Il n’y a pas de cave au château du Prince Pierre. La vinification se fait dans la zone artisanale de Calvi, à une vingtaine de kilomètres. Chaque année, des dizaines de tonnes de raisin doivent prendre la route.

« Le PLU actuel de Calenzana ne nous permet pas de construire notre cave au château, indiquent les propriétaires. Après des échanges avec la commune, celle-ci souhaite développer l’agriculture ici et mettre en avant le patrimoine culturel de l’Argentella, entre le château et la mine. Donc, le PLU est en train d’être révisé et devrait nous permettre d’ériger notre chai sur le domaine. Il s’agira d’une cave semi-enterrée de 2 000 mètres carrés, dimensionnée pour 40 hectares de vigne. Elle sera parfaitement intégrée au maquis et offrira une inertie thermique pour moins consommer d’énergie. Nous n’avons pas encore de plan mais nous espérons un début des travaux en 2026. »



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