deux vignerons unissent Muscadet et Corse pour créer un vin corsico-breton


Deux vignerons, l’un du Pays nantais et l’autre corse, ont décidé d’unir leurs cépages pour créer un vin célébrant deux terroirs à forte personnalité.

«Et si on essayait de mélanger nos deux cépages ?». Il y a des idées qui naissent au détour d’un repas, comme des blagues qu’on glisse entre deux phrases, sans trop y croire. Et puis il y a celles qui, contre toute attente, voient le jour. C’est ce qu’il s’est passé entre Jérémie Huchet, vigneron à Château-Thébaud dans le Pays nantais, et Gwénaële Boucher, installée en Corse-du-Sud. Ils s’étaient rencontrés 25 ans plus tôt, à l’autre bout du monde, dans une «winery australienne».

Rien ne laissait alors deviner que, vingt-cinq ans plus tard, leurs deux terroirs allaient s’associer dans une même bouteille. «Ça s’est fait un peu pour rigoler, un peu pour casser les codes», raconte aujourd’hui Jérémie Huchet, en souriant. «On sort complètement des cases avec ça». Mais très vite, l’envie devient sérieuse. Ils commencent des essais. Et contre toute attente, ça marche. «Ce n’est pas compliqué, mais c’est un jeu d’équilibre», admet le vigneron nantais. «Le vin corse, quand il est arrivé à Nantes, il a pris un coup de froid», plaisante-t-il. «Mais au final, les deux caractères sont bien préservés».

Deux identités fortes

L’idée peut surprendre : marier le melon de Bourgogne, cépage frais, minéral et tendu du Muscadet, avec le vermentinu corse, structuré et aromatique. «C’est la rencontre du nord-ouest et du sud-est, de deux cépages vraiment autochtones», détaille Jérémie Huchet. En l’espace de six mois, le bon assemblage a été trouvé : 57 % muscadet, 43 % vermentinu. Un résultat avec «une belle puissance aromatique» avec des notes de résines de pin, d’eucalyptus et de fraîcheur, expression du melon blanc, explique le vigneron. Une cuvée idéale à déguster à l’apéritif ou avec des fromages ou une cuisine de la mer «qui a du goût».

Le nom de la cuvée s’est imposé presque naturellement : La Diagonale. Une ligne, qui relie les granites du sud de la Corse à ceux du Massif armoricain. «C’est le trait d’union entre nos deux vignobles : le plus au nord-ouest avec le Muscadet, et le plus au sud-est, en Corse», explique Jérémie Huchet. Et surtout, «deux identités fortes  : la Bretagne et la Corse». L’étiquette, elle, ne cache rien de ce mélange. En un clin d’œil, elle annonce la couleur : une tête de Maure ornée d’une coiffe bigoudène.

La soirée de lancement de la cuvée Diagonale.
SDP

Car si cette cuvée «corsico-bretonne» fonctionne, ce n’est pas juste parce qu’elle réunit deux cépages, c’est aussi parce qu’elle assemble deux terroirs très identitaires. D’un côté, celui du domaine de Gwénaële, un granite rose en altération, pas loin des Alpes. De l’autre, celui de la Chauvinière, issu du Massif armoricain, une roche vieille de 300 millions d’années. «Tous les terroirs du Muscadet, c’est le Massif armoricain», insiste Jérémie, avant de préciser que «le Massif armoricain, c’est la Bretagne». Voilà d’où vient le nom «corsico-breton». Alors oui, administrativement, le Pays nantais n’est plus breton. Mais géologiquement, il l’est toujours, assure le vigneron. Et ce vin le revendique. «Nous, on essaie toujours d’élaborer des vins de terroir et d’identité», ajoute-t-il. Et celui-ci coche toutes les cases.

Et vu que, comme souvent, les bonnes idées ne viennent jamais seules… Dans un sourire, Jérémie laisse entendre que le projet pourrait bien s’étendre davantage en projetant que «l’année prochaine, on pourrait proposer une cuvée horizontale avec une copine du Jura ». L’idée se développe doucement. Et pourrait bien, elle aussi, finir en bouteille.



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