En ce long week-end du 14-Juillet, synonyme d’arrivée massive de touristes, les vignerons de Balagne ont répondu à l’invitation de l’Association des commerçants et artisans de L’Île-Rousse (Acair) pour une dégustation des productions de l’année.
« Cela nous permet d’avoir une proximité avec les visiteurs, explique Marc-Antoine Villanova du domaine Camellu. Ces gens vont être amenés à aller au restaurant et à choisir un vin, c’est donc pour nous l’occasion de leur présenter et leur expliquer notre travail. »
Une deuxième édition de Balavinu qui a pour vocation de mettre en valeur ce produit du terroir et promouvoir le territoire.
« Notre souhait est de mettre en valeur ce produit qui n’a pas de foire sur le territoire, rappelle le président de l’Acair, Gilbert Barrachina. L’autre objectif est de donner envie aux visiteurs d’aller au restaurant ou chez les producteurs et d’acheter. »
« Depuis le Covid, on assiste à une baisse des ventes et, plus grave, à un changement des comportements de consommation »
Un événement comme celui-ci permet de donner une nouvelle image au vin, de le sortir des caves ou des domaines. « On a connu mieux, soupire Achille Acquaviva du domaine A Ronca. Depuis le Covid, on assiste à une baisse des ventes et, plus grave, à un changement des comportements de consommation. Avant, on voyait sur la plage des jeunes avec des bouteilles de blanc ou de rosé, maintenant c’est plutôt de la bière, des spritz ou des cocktails… Ce changement est peut-être dû aussi au prix du vin dans la restauration. »

Les vignobles se retrouvent ainsi confrontés à ce changement d’habitude et tentent de se renouveler. « Il y a un certain public qui s’éloigne du vin, à nous de changer nos habitudes, considère Pierre Acquaviva, gérant du domaine Alzipratu. Nous sommes peut-être un peu responsables en ayant contribué à créer une idée du vin comme un produit sophistiqué et complexe, sur lequel on doit toujours faire des commentaires. On doit revenir à une boisson plus simple. »
Les jeunes générations l’ont déjà compris et travaillent sur des produits plus abordables gustativement. « Nous élaborons des vins avec moins de tanin et plus fruités pour satisfaire les jeunes« , renchérit Marc-Antoine Villanova.
Cette année, les voyants climatiques étant au vert, le moindre changement pourrait réduire à néant le travail de l’année
Si le frais de cette dernière semaine et les orages du week-end font oublier la première canicule de début juillet, les vignobles sont malgré tout inquiets. Cette année, les voyants climatiques étant au vert, le moindre changement pourrait réduire à néant le travail de l’année.
« On a eu des pluies importantes au printemps, ainsi la vigne a fait de belles réserves, le végétal est plutôt beau, constate le propriétaire du domaine Alzipratu. Nous sommes quand même inquiets lors des périodes de grosses sécheresses. »
Le changement climatique apporte aussi de nouvelles espèces d’insectes néfastes pour les vignes. « Notre crainte c’est la cicadelle africaine, qui nous envahit depuis quelques années, s’inquiète Achille Acquaviva. C’est un insecte qui arrive du Tchad, pour l’instant il n’est pas très actif, mais il pourrait faire de gros dégâts si ça évoluait. »
Enfin, les vignobles insulaires attendent les retombées d’un autre problème. Celui des nouvelles taxes douanières des États-Unis sur les marchandises européennes. Si le volume des ventes des vins corses vers le pays de l’Oncle Sam reste négligeable, la crainte est de se retrouver avec plus de concurrence sur le marché national.
« Le problème est que les produits français destinés à l’exportation aux USA risquent d’inonder le marché national et donc de le dégrader », cerne Pierre Acquaviva.
L’AOP de Calvi a profité de cette soirée festive pour se retrouver et parler de choses plaisantes, la qualité des vins du territoire et partager avec de nouveaux publics, sans éluder les turbulences que traverse la profession.