sdp/ SYLVAIN ALESSANDRI
Le domaine Saparale est une invitation à la volupté et à la découverte des cuvées identitaires de l’île.
Hervé Novelli le confiait récemment au Figaro : «L’œnotourisme génère 5 à 6 milliards de recettes.» L’ancien secrétaire d’État et désormais président du conseil supérieur de l’œnotourisme pointe là l’un des principaux leviers à activer pour les professionnels du secteur, dont la plupart font face à une crise de consommation. En Corse, comme ailleurs, le message a été reçu. Plus précisément au domaine Saparale, non loin de Sartène, là où la mer n’est pas, mais où l’on a su s’affranchir de cette contrainte. Voilà l’une des ouvertures œnotouristiques les plus réjouissantes de l’année, avec ses 16 chambres et ses deux maisons individuelles en location. Ouvert jusqu’à l’automne, il est de bon ton de s’y retrouver pour l’arrière-saison.
Les lieux se présentent en hameau – qui comptait autrefois son école et ses commerces – au cœur d’un vignoble de 52 hectares posté dans la vallée de l’Ortolo, au pied du massif de Cagna, dernière montagne avant que l’île arbore son Sud un peu moins abrupt. Les chambres se concentrent dans l’ancienne maison de maître, charmante bâtisse aux reflets orangés et aux balconnets shakespeariens. Tout le reste transmet l’idée d’un luxe simple, d’une oasis paisible où règnent les vergers d’agrumes, les figuiers et les oliviers. On y planterait n’importe quoi, finalement, dans ce bout du monde fertile à souhait. Pour parler des vins, c’est ici que serait née, en Corse, la volonté de produire un cru identitaire, lorsque Philippe de Rocca-Serra, exilé en Afrique, est revenu sur ses terres avec le souhait de bâtir un vignoble 100 % corse. Nous sommes au milieu du XIXe siècle et l’ancêtre de la famille actuelle plante des cépages autochtones, moins performants que d’autres et surtout contre les habitudes de l’époque. Aujourd’hui, tous les domaines de l’île revendiquent ces variétés locales. Une exception devenue la norme.
Le flatteur sciaccarellu
Philippe et Julie Farinelli sont les artisans de la renaissance du domaine, l’un des mieux distribués en Corse, un peu moins sur le continent. Qu’importe. Le couple ne se vante pas de compter parmi les meilleurs commerçants de l’île. Leur gamme se montre cohérente, foisonnante même, avec d’abord les cuvées classiques au bon rapport qualité-prix, autour de 10 euros.
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Ce sont des vins dans le ton, plein de consensus, au pouvoir de séduction incontestable. Notamment grâce à ce sciaccarellu, cépage endémique du sud de la Corse, flatteur à dérouler sa partition de fruits rouges pulpeux, sa fraîcheur et sa robe aux cinquante nuances de carmin. Le domaine verse également dans le sans soufre, avec la gamme Natura, et dans les jus de garde, à des prix plus soutenus. Il y a aussi l’huile d’olive, hautement recommandable. Une certaine idée de l’autosuffisance et du bonheur flotte à Saparale.