Une cinquantaine de personnes étaient réunies ce jeudi 1er mai à Oletta pour apporter leur soutien à Nicolas Mariotti-Bindi, pressé par un fonds d’investissement entré au capital de sa société il y a 10 ans de vendre son exploitation.
« Ce n’est pas un constat d’échec. Mon entreprise n’est pas du tout en difficulté », martèle Nicolas Mariotti-Bindi, vigneron à Patrimonio. « J’ai quadruplé mon chiffre d’affaires en dix ans, j’ai six employés, une belle production, un réseau de distribution, tous les indicateurs sont au vert, et je me retrouve face à un interlocuteur qui me pousse à vendre pour gagner de l’argent rapidement ».
Cet interlocuteur, c’est Vatel Capital, qui avant d’être un adversaire, a été pendant plusieurs années un partenaire financier. Il y a dix ans, le fonds d’investissement prenait 30 % des parts de la société, un apport d’argent qui permettait à Nicolas Mariotti-Bindi de mener à bien son projet.
Aujourd’hui, Vatel Capital veut récupérer ses billes. Montant de la note : 1,5 million d’euros. Cela faisait partie des termes du pacte d’associés qui avait été signé en 2015, et qui stipulait que le viticulteur rachèterait ces parts au terme d’un délai de huit ans. Le problème, c’est que Nicolas Mariotti-Bindi n’est pas en mesure de mobiliser une telle somme. Il demande au fonds d’investissement de lui laisser le temps d’y arriver, ou de trouver un nouvel investisseur, mais Vatel Capital ne semble pas enclin à l’accepter, puisqu’il a assigné le viticulteur devant le tribunal de commerce de Bastia.
Ce 1er mai, devant la cave viticole de Nicolas Mariotti-Bindi, une cinquantaine de personnes, vignerons, élus, figures du monde agricole insulaire, s’étaient réunies pour témoigner de leur soutien, à l’appel des autonomistes de Femu a Corsica et du syndicat agricole Via Campagnola.
François Martinetti, le secrétaire national de Femu, l’affirme : « ce qu’on dénonce, c’est que certains fonds d’investissement, qui ont certes pu parfois aider l’économie corse, pressent aujourd’hui de manière spéculative les agriculteurs. C’est le contraire de ce à quoi on travaille, une économie à taille humaine ».
Pour François Martinetti, une solution pour lutter contre cette « logique spéculative », c’est la banque publique corse d »investissement, dont le projet « sera débattu à l’assemblée de Corse ». « Cela nous permettrait d’être le guichet unique, cela nous permettrait d’aider des projets qui nous semblent cohérents dans une économie de proximité, à destination des petites entreprises corses ».
Voyez le reportage de Frédéric Danesi et de Guillaume Leonetti :
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