Réchauffement climatique : le vignoble corse est-il voué à disparaître ?


Une étude de l’Institut National de Recherche pour l’Agriculture et l’Environnement (INRAE) de Bordeaux estime qu’une augmentation des températures de 2 degrés pourrait très sévèrement compromettre d’ici la fin du siècle la production de vin sur les îles occidentales de la Méditerranée.

Face aux changements climatiques, le vignoble corse est-il voué à disparaître comme d’autres régions viticoles ? Une étude a été menée par l’Institut National de Recherche pour l’Agriculture et l’Environnement (INRAE) de Bordeaux et elle est plutôt alarmiste. Environ 90% des régions viticoles côtières et de basse altitude situées au sud ne seraient plus en capacité, d’ici la fin du siècle, de faire du vin de qualité ou de produire si le réchauffement global dépasse les 2 degrés. En réponse, dans l’île, les viticulteurs innovent avec de nouveaux cépages résistants, des haies protectrices, des méthodes de taille révisées et l’expérimentation de vignobles en altitude.

Pierre Acquaviva, gérant du Domaine Alzipratu, a planté des vignes à 900m d’altitude sur la commune de Pioggiola. “On a planté cette vigne début 2023. Elle se porte bien, au milieu d’une châtaigneraie. On a cherché une région avec des sols profonds et aptes à produire des vins de qualité”, indique-t-il, soulignant l’utilisation d’outils météorologiques pour guider ces initiatives. Cependant, Antoine Guelfucci, vigneron à Corte, met en lumière un défi majeur : “Le problème c’est d’avoir le client pour vendre un vin qui ne va pas forcément ressembler à celui qu’il a l’habitude de boire ». Cette adaptation pourrait entraîner un changement dans les profils gustatifs traditionnels des vins corses, dit-il. Pour Marie-Françoise Devichi, présidente de l’AOP Vin de Patrimoniu, « cela va être une compétition. Notre vin sera plus difficile à produire et donc plus cher. Si d’autres régions deviennent plus compétitives au niveau du prix, elles vont nous prendre des parts de marché ».

Quels leviers ?

Invitée de la rédaction de France Bleu RCFM ce mardi 2 avril, Nathalie Uscidda, directrice du CRVI (Centre de Recherche Viticole de Corse), explique l’approche multifacette nécessaire pour faire face à ces défis. “On pense pouvoir s’adapter en utilisant plusieurs leviers. On joue sur le matériel végétal ou encore la conduite culturale. Elle souligne également l’importance de revisiter les cépages anciens pour rééquilibrer les vins face à l’augmentation des températures. Le programme national Vitilience, dont Nathalie Uscidda est désormais référente, vise à mettre en réseau les initiatives d’atténuation et d’adaptation au changement climatique à travers la Corse et au-delà. “Le fait de travailler en réseau va nous permettre de communiquer et coopérer avec les autres bassins producteurs », a notamment ajouté la directrice du CRVI.



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