En ce 11 novembre, dans notre chronique Grand Angle, direction Patrimoniu où se déroule la San Martinu, le saint patron des vignerons. L’occasion de faire un point sur la viticulture corse. Evolutions, défis, renouveau du terroir viticole… Tour d’horizon du vignoble insulaire.
1%… C’est le poids du vignoble corse dans la production nationale. Mais il ne faut pas s’y tromper… derrière ce chiffre, qui en fait le plus petit bassin de production du pays, on ne recense pas moins de 33 cépages autochtones qui en font un vignoble de premier plan. Parmi les plus reconnus : le « Niellucciu », un rouge bien représenté dans la zone de Patrimonio, le « Sciaccarellu », plus au sud vers Ajaccio, ou encore le « Vermentinu », cépage principal du blanc sur l’île. Près de 6000 hectares de vignes exploités par 300 producteurs, avec 9 appellations d’origine contrôlée (AOP) ainsi qu’une indication géographique protégée (IGP). Une production qui cherche aussi à mettre le cap à l’international ces dernières années.
Si 80% de la consommation aujourd’hui s’établit entre l’île et le continent, développer la clientèle internationale grâce à l’export fait aussi partie des ambitions. En 2023, 20 % des 54 millions de bouteilles de vin produites sur l’île ont été consommées dans des pays étrangers. Une dynamique bien engagée. La semaine dernière, 13 vignerons insulaires se sont envolés pour le Canada sous l’égide du Conseil Interprofessionnel des Vins de Corse. Une première pour ce territoire.
Certains vignerons insulaires ont même déjà un marché historiquement bien implanté à l’international, comme la Cave coopérative d’Aleria en Allemagne…
À la pointe en matière de culture biologique
Avec 32% des surfaces cultivées certifiées BIO, le vignoble corse figure dans le haut du classement de la viticulture biologique en France. Une viticulture biologique qui s’est d’abord implantée dans la région de Figari et de Sartène avant de connaître un développement important en Haute-Corse. L’AOP des vins de Calvi est d’ailleurs devenue la première à devenir 100% bio au plan national en 2024. Une conversion vers le « tout bio » engagée également par l’AOP Patrimonio. L’AOP Patrimonio qui compte même à son palmarès une première mondiale… l’interdiction du glyphosate.
Une interdiction totale officielle depuis 2022 , mais dans les faits l’appellation la plus ancienne de l’île limitait drastiquement l’utilisation de ces désherbants chimiques dans ses vignes depuis de nombreuses années. Une décision forte quand on sait que l’autorisation du glyphosate a été renouvelée pour 10 ans en Europe.
Le réchauffement climatique en première ligne
Un vignoble corse qui doit enfin relever d’importants défis pour l’avenir, au premier rang desquels le réchauffement climatique, comme l’explique la présidente de l’AOP Patrimonio, Marie-Françoise Devichi. « On constate des épisodes climatiques violents de plus en plus fréquents depuis une dizaine d’années, que ce soit de grêle ou de gèle. Il y a également des soucis liés à l’inflation ou encore à la déconsommation ».
Les vignerons insulaires qui alertent aussi les pouvoirs publics sur un défi plus récent : la prolifération depuis 2 ans d’un insecte ravageur, la cicadelle africaine, qui détruit les vignes ; il n’existe encore aucun traitement efficace à ce jour.